En décembre 2016, la dernière poche rebelle d’Alep Est réduite à quelques km2 est en passe d’être submergée par les forces pro-régime. Il nous est apparu opportun de revenir sur l’histoire de cette bataille, symptomatique des évolutions, des impasses dans lesquelles les différents protagonistes se sont enfermés au cours d’un conflit qui leur échappe. Cet article est la suite d’un premier article sur le début de la bataille d’Alep.
Fin 2012 / début 2013, les rebelles contrôlent la plus grande partie de la métropole. Les groupes rebelles sont très hétérogènes, et ils s’opposent aussi bien sur les méthodes, sur les personnes que sur les projets politiques en cas de victoire. Alep est ainsi l’un des lieux d’engagement des jihadistes, prônant l’instauration de la Charia, mais aussi de groupes de l’ASL, combattant pour une Syrie démocratique et multiconfessionnelle. La difficulté est que les groupes ASL se sont aussi constitués pour poursuivre des intérêts personnels, la recherche de butin et le brigandage des populations, les discours démocrates étant parfois le moyen de séduire les soutiens occidentaux, indispensables pour obtenir armes et financements.
Le comportement de certaines bandes menées par des chefs de guerre locaux, fait perdre toute crédibilité à l’ASL au sein de la population, surtout lorsqu’il est comparé au comportement des groupes jihadistes, mieux tenus et surtout dont les membres adhèrent tous à un projet transcendant la satisfaction de leur cupidité.
C’est ainsi que les affrontements et les oppositions au sein de la rébellion, entre groupes rebelles, comme entre certaines bandes et les populations, vont miner les positions à Alep et faciliter les opérations du régime.
Un autre point à signaler est le choix effectué très tôt par le groupe jihadiste le plus extrémiste (front al-Nosra) de s’allier en fonction des nécessités locales avec l’ASL. Cette stratégie d’alliance ponctuelle avec des groupes modérés voire nationalistes, n’était pas évidente pour des jihadistes poursuivant un projet totalitaire et non négociable. L’une des plus anciennes traces est l’accord signé par al Nosra et d’autres groupes, y compris d’ASL, le 19 novembre 2012 rejetant la Coalition nationale syrienne instaurée à Doha. Cette option va bientôt constituer le marqueur distinctif d’Al Nosra par rapport à l’Etat islamique qui va apparaître en 2013.
Le régime a réussi à stabiliser la situation mais occupé ailleurs, il n’a pas pu véritablement lancer de contre-offensive. Lui-même dépend de ses soutiens étrangers, au premier desquels se trouve l’Iran. Or, les leaders iraniens portent une attention particulière à Alep, objet des visites de hauts responsables dès 2013, alors même que la zone est dangereuse.
L’année 2013 voit donc le début d’une campagne de reconquête par le régime qui va durer 3 ans et se distingue par son caractère de guerre totale mais aussi par sa constance, signe d’une stratégie cohérente et obstinée.
Alep 2013 : Tempête du Nord et début de la reconquête
Les opérations se poursuivent dans Alep tout l’hiver, entre voitures piégées, bombardements aériens et escarmouches.
Le 2 février 2013, un rassemblement de groupes rebelles, comprenant des groupes ASL, le Liwa al-Tawhid, Ahrar al-Sham (AAS) et le front al-Nosra (JAN) lancent une offensive pour prendre le quartier méridional de Sheik Saeed. Le succès est complet et l’impact important puisque les zones du régime à l’ouest d’Alep sont coupées de leur dernière voie de ravitaillement vers l’aéroport (la route M5 est coupée depuis 2012).
Ce succès est remporté grâce à une préparation de l’attaque, au soutien des moyens lourds (artillerie, blindés,…) pris lors de la capture des bases et surtout à l’unification temporaire des efforts des groupes rebelles.
La tactique employée pour l’offensive mise tout sur la surprise et le choc initial causé par une ou plusieurs attaques suicides au camion lourdement piégé « sonnant » les défenseurs assaillis ensuite par des éléments débarqués de blindés ou véhicules légers à proximité de l’objectif.
Les rebelles exploitent leur succès en lançant d’autres offensives préparées, contre la base aérienne al-Jarrah, qui est prise le 12 février 2012. A chaque fois, les attaques sont lancées avec les groupes djihadistes en tête (JAN ou AAS), et le soutien de groupes de l’ASL qui dispose des moyens militaires livrés par les soutiens étrangers.
Les rebelles prennent ensuite le 13 février la base 80[i], affaiblissant encore les défenses du régime à l’est d’Alep.
C’est à cette date l’apogée du contrôle rebelle sur Alep et sa métropole.
En, effet, le régime prépare sa réaction après avoir stabilisé la situation. Cela suppose de reconstituer les forces, rassembler des renforts et de définir un plan. L’implication iranienne est dès cette époque importante dans le commandement, comme dans la protection des données et matériels « sensibles » de la région (la base de as-Safira est le lieu de fabrication des Scuds et missiles, y compris avec charge chimique, dont certains de ceux livrés au Hezbollah).
C’est ainsi que le général Hassan Shateri, de la force Quds des IRGC iraniens se rend d’abord dans la zone, avant d’aller à Damas et d’être assassiné sur la route Damas – Beyrouth le 13 février 2013. Ce voyage d’un très haut gradé iranien, expert en ingénierie, au moment où la zone au sud d’Alep est visée par de multiples attaques rebelles, a interpelé dès cette époque. Officiellement, l’Iran a précisé que Shateri s’était rendu à Alep pour préparer la reconstruction de la ville (sic)[ii], mais la situation au moment du voyage (perte des bases de Jarrah et 80 et menace sur l’usine de missiles de Safira) amène à douter fortement de cette version[iii].
En avril 2013, les groupes rebelles islamistes affirment prendre la tête de la rébellion, information infondée mais qui est immédiatement exploitée par le régime pour légitimer ses attaques et ses bombardements sur la ville, réduite à un repère de jihadistes terroristes appliquant la Charia, ce qui est factuellement faux[iv].
Le régime lance l’opération « Tempête du Nord » le 9 juin 2013. Il s’agit de relier les différentes poches qui résistent en partant du sud-est. La priorité est d’abord de dégager as-Safira (base de fabrication des Scuds et missiles, y compris avec charge chimique, dont certains de ceux livrés au Hezbollah) puis de remonter jusqu’aux quartiers d’Alep ouest qui tiennent encore.
L’engagement massif de l’aviation, qui entame alors ses bombardements indiscriminés avec des barils d’explosifs des quartiers civils rebelles de la ville, et surtout l’arrivée au sol de troupes d’élite (la Tiger Force, émanation de la 4ème division blindée, unité de la Garde républicaine à recrutement essentiellement alaouite), permettent au régime d’atteindre ses premiers objectifs dès l’automne 2013, sans parvenir à reprendre la ville. Une route est réouverte par Khanasser (repris le 3 octobre) et Safira vers les quartiers Ouest d’Alep, et l’aéroport international d’Alep est dégagé.
La base 80 est reprise après le 10 novembre 2013, par une offensive de grande ampleur du régime, malgré la résistance des rebelles, dont des groupes de l’EI arrivés en renfort de l’est.
Il convient de souligner que parmi les forces engagées par le régime se trouvent des milices chiites, du unités du Hezbollah comme des troupes iraniennes, confirmant l’intérêt particulier de l’Iran pour Alep.
Ces échecs entraînent la démission du chef rebelle du Conseil militaire d’Alep, le général al-Okaidi le 3 novembre, et après de multiples déclarations appelant à l’unité, Ahrar al-Sham rameute des renforts et ralentit l’offensive.
Les rebelles tentent plusieurs offensives à l’ouest contre les quartiers du Nouveau Alep, notamment fin juin avec l’offensive appelée « bataille de Qadisiyah » sans succès. En juillet d’autres offensives sont lancées, notamment une première attaque des enclaves chiites de Zahra et Nubl, qui est repoussée. Les rebelles continuent des attaques locales, désordonnées et sans cohérence, dans le but apparent de faire diversion aux offensives du régime à Homs et Alep. Ces opérations usent les effectifs, malgré quelques succès. Une alliance de groupes jihadistes prend le 20 décembre 2013 l’hôpital Kindi, ce qui donne lieu à l’exécution filmée de tous les soldats du régime faits prisonniers. D’autres exécutions ont déjà eu lieu par exemple lors de la prise de Khan al-Asal le 22 juillet.
A partir de juin 2013, les groupes affiliés à l’EI se signalent par leurs actions à Alep (attaques à la voiture piégée ou offensive), mais ils restent intégrés au sein des autres groupes rebelles, y compris ceux de l’ASL ou du Front al-Nosra. Le courant jihadiste est donc séparé en 2 groupes : l’EI et Al-Nosra, ce dernier réunit les autres groupes jihadistes au sein du Front islamique, proclamé en novembre. A la fin de l’année, l’hostilité entre l’EI et les autres groupes rebelles devient de plus en plus marquée, minant la rébellion.
Signalons aussi qu’à partir du 19 juillet 2013, des affrontements violents commencent entre les Kurdes du YPG et des groupes jihadistes, notamment dans les zones à proximité de la frontière turque (entre Ras al-Ayn et Tel Abyad). Les Kurdes ont rédigé une constitution pour affirmer leur autonomie, qui est rejetée en bloc par les rebelles.
L’année 2013 se termine donc sur une situation stabilisée entre les deux camps s’affrontant sur une ligne nord-sud dans Alep, avec plusieurs poches du régime encerclées et qui tiennent encore. A partir du mois de décembre 2013, le régime lance une série de raids aériens intenses sur les villages de la banlieue est d’Alep.
Une partie des forces pro-régime engagées dans d’autres secteurs (Homs, al Qusayr) sont devenues disponibles, notamment le gros des contingents du Hezbollah, et sont redéployés à Alep.
Alep en 2014 : le reflux continue
Les tensions sont si vives au début de l’année 2014, qu’une nouvelle provocation de l’EI entraîne des manifestations contre ce groupe dans toutes les zones rebelles, qui dégénèrent bientôt en affrontements armés entre l’ensemble des groupes rebelles et l’EI en janvier 2014[v].
L’EI engage à l’est d’Alep pour le contrôle des régions autour d’al-Bab un de ses leaders, Omar al-Shishani dès janvier, avec une force conséquente ramenée d’Irak.
Le régime profite de ces affrontements armés pour relancer son offensive dès le mois de janvier. C’est l’opération « Canopus Star » visant à conquérir les banlieues orientales de la ville, en contournant les quartiers Est fortement urbanisés. Lancée avec de gros moyens[vi], notamment les milices du Hezbollah et un fort soutien aérien, elle n’atteint pas immédiatement ses objectifs même si les positions rebelles sont entamées et l’avance régulière.
Au printemps 2014, les gains du régime sont lents mais progressifs malgré les contre-attaques rebelles, dans la vieille ville comme dans les zones industrielles et les villages à l’est de la métropole.
En mai 2014, les forces pro-régime parviennent à dégager le siège de la prison, et en juillet, ils terminent la conquête de l’immense zone industrielle Sheikh Najjar, qui coupe la route Alep – al-Bab.
Cette séquence de janvier à mai 2014 montre que le régime et ses alliés font un effort de plusieurs mois pour parvenir à prendre en pince les quartiers est d’Alep, et surtout menacer les routes directes vers le Nord et la Turquie. La configuration du conflit dans la métropole change.
Face à cet effort obstiné dans la durée, les rebelles sont incapables de se mobiliser après les pertes subies lors des combats pour expulser l’EI d’Alep en janvier 2014. Ils cèdent encore du terrain. Le soutien occidental est réservé à des groupes ASL minoritaires qui s’engagent à ne pas combattre avec des groupes jihadistes, ce qui est impossible sur le terrain.
Le régime pousse aussi au sud d’Alep, dégageant sa voie de communication, et donnant de l’espace aux installations militaires contrôlées par les Iraniens entre Alep et Safira (camps d’entraînement, etc.)
En juillet 2014, avec la proclamation du Califat par l’EI, la situation s’est clarifiée au sein de la rébellion. Le régime profite des divisions internes à la rébellion pour poursuivre son effort, toujours vers le Nord à partir des banlieues orientales de la ville. Le régime commence à prendre pied à l’Ecole d’infanterie (au nord-est).
En septembre 2014, de durs combats d’usure se déroulent dans le vieil Alep, autour de la citadelle, occasionnant des dommages aux monuments. Aucun des camps ne prend d’avantage dans une séquence chaotique et couteuse en pertes.
En octobre 2014, le régime reprend enfin, après 2 mois d’efforts, la zone d’Handarat et termine le mois en contrôlant la hauteur de Tal Madafa, qui domine le nord d’Alep. Les rebelles résistent en tenant une large portion des quartier est d’Alep, qui ne sont plus reliés que par une seule route, « Castello road ».
La progression du régime a profité de l’absence d’unité des rebelles, aggravée par l’avènement du conflit avec l’EI dès le début de l’année 2014.
Au départ intégré dans le large spectre des groupes rebelles jihadistes, les groupes affiliés à l’Etat islamique ont commencé à se heurter progressivement aux autres groupes, à partir de la fin 2013, d’abord par leur campagne de recrutement agressive et leur propension à chercher le contrôle des villages plutôt que le combat contre le régime. Cette opposition se précipite dans toutes les zones rebelles avant même la proclamation du Califat en Irak le 29 juin 2014. Cet affrontement interne à la rébellion va la priver de toute profondeur stratégique, car l’EI est certes expulsé d’Alep, mais il prend le contrôle de tout l’arrière pays aleppin au nord et à l’est, justement dans la zone concernée par la poussée de l’offensive « Canopus Star ».
L’EI draîne une partie des groupes armés (comme la brigade Dawud, partie en renfort d’Idlib pour contrer l’offensive du régime contre Alep et qui déserte pour rallier l’EI au lieu de prêter main forte aux rebelles[vii]), mais il mobilise aussi une partie des effectifs rebelles, qui doivent lutter pour garder leurs dernières voies de communication avec la Turquie, dans la zone Azaz / Mare’a, attaquée par l’EI.
Si l’Etat islamique est repoussé d’Alep et des zones à l’ouest de la ville par les rebelles, il s’installe durablement à l’est, prenant le contrôle de larges portions de la frontière turque (Jarablus), d’Al-Bab et du village de Dabiq, possession symbolique au regard du rôle de ce village dans la cosmogonie jihadiste.
A la fin de l’année 2014, la carte à Alep se fige, avec une coupure de la ville, et un tracé du front en forme de spirale hyperbolique, les quartiers rebelles d’Alep étant coincés et menacés d’encerclement.
Alep en 2015 : le temps des occasions ratées
L’année 2015 débute par une offensive importante des forces pro-régime, pour la plupart des milices chiites iraniennes ou afghanes, au nord de la ville.
Il s’agit de couper la route Castello puis de lever le siège des poches chiites encerclées de Zahra et Nubl. Lancée par un temps affreux le 17 février 2015, l’offensive capote rapidement.
De leur côté, les rebelles lancent plusieurs opérations tactiques pour reprendre une partie du terrain perdu en 2014, avec des succès mitigés.
En mars 2015, les rebelles continuent leurs efforts, avec une attaque qui échoue malgré une gigantesque explosion initiale par mine, contre le centre de renseignement de l’armée de l’air syrienne au nord-est, puis le 9 mars, une plus vaste offensive contre Handarat qui ne parvient qu’à reprendre la moitié de la zone industrielle, vite reperdue par une contre-attaque du régime le 18 mars.
En juin et juillet 2015, les rebelles lancent plusieurs offensives annoncées comme majeures, avec des centres de commandement unifiés, ou des alliances nouvelles, mais sans succès. La rébellion souffre de plus en plus des dissensions et d’un problème de direction, les différents chefs militaires qui se succèdent ne se montrant pas à la hauteur, ce qui aboutit à des manifestations spontanées de la population dans les quartiers Est d’Alep, réclamant le renvoi des chefs et l’union des groupes armés.
L’attention se détourne alors d’Alep au moment où les rebelles lancent plusieurs offensives, dont une importante à Jisr el Shoghour et dans la plaine d’Al Ghab qui aboutit à des gains conséquents. De même, une offensive lancée à partir de la poche de la Ghouta Est amène la conquête de grandes zones menace le nord de Damas.
La succession d’offensives victorieuses des rebelles contre le régime au printemps et à l’été 2015 montre que le régime est à bout de souffle, malgré les soutiens iranien et russe. Les livraisons d’armes aux rebelles sont continues, même si réservées aux seuls groupes de l’ASL, et la rébellion parvient à s’unir ponctuellement tout en bénéficiant de l’expérience de groupes qui combattent depuis plusieurs années.
Le soin apporté aux opérations par le commandement rebelle montre une amélioration générale de la qualité des cadres de ces groupes, y compris au sein des brigades jihadistes.
Pourtant cette séquence favorable à la rébellion, et où le régime montre des signes inquiétants de faiblesse, ne se constate pas à Alep. La situation y est figée dans une guerre d’usure.
A l’été 2015, la rébellion ne parvient pas à avoir l’initiative à Alep, alors qu’ailleurs, le régime est au bout de ses capacités.
En septembre 2015, la Russie s’engage intensivement, d’abord par des bombardements aériens, puis par un soutien au sol qui vient compléter l’effort iranien, permanent depuis 2 ans, en apportant la technologie militaire aux milices chiites armées, formées, et encadrées par les forces iraniennes. Le 7 octobre 2015, le général Hossein Hamedani est tué à Alep, soit un nouveau haut gradé iranien tué dans la métropole.
Les alliés du régime font ainsi affluer des renforts et des moyens, alors que des offensives sont déclenchées ailleurs, distrayant les forces des rebelles. Puis le 16 octobre, une offensive est lancée, avec un soutien important au sud de la ville, permettant la conquête de large portion de territoire. L’offensive est dirigée par le général Qasem Soleimani, leader des forces iraniennes al-Quds des IRGC, qui aurait même été blessé à Alep fin novembre 2015.
Appuyés sur les bases créées au sud d’Alep autour des Monts Azzan, les milices chiites bousculent le front rebelle et parviennent jusqu’à la route M5, route stratégique qui relie Alep à Idlib, dont ils ne sont repoussés que péniblement par une série de contre-attaques.
L’objectif stratégique qui est la prise de cette route, puis le lien avec les poches chiites de Fu’a et Kafraya, est donc raté malgré les moyens et les gains territoriaux importants qui sécurisent les accès sud d’Alep.
Au même moment à l’est, la Tiger force syrienne du colonel Suheil al-Hassan dégage après un long effort, la base de Kweires encerclée depuis 2012, d’abord par les rebelles, puis par l’EI.
L’EI continue son jeu de perturbateur, en menaçant à la fois la route de ravitaillement du régime de Khanasser – Ithriya, et le front rebelle au nord d’Alep, sur le front de Mare’a. C’est la menace sur le front rebelle au Nord qui a le plus d’impact sur la situation dans la ville, en distrayant des forces rebelles, qui manquent face à l’offensive du régime d’octobre[viii].
L’année 2015 se conclut sur des contre-attaques rebelles qui bloquent l’avance des forces pro-régime, sans parvenir à reconquérir le terrain perdu.
Contrairement à d’autres fronts, les rebelles n’ont pas pu à Alep profiter de leur avantage, du fait de la pression permanente de l’EI, de leurs divisions et de leurs problèmes de Leadership.
La première raison est que la situation des rebelles à Alep est complexe, puisqu’ils sont pris entre les milices pro-régime présentes en force, l’EI qui attaque régulièrement sur le front de Mare’a, et les Kurdes présents dans la ville comme au Nord sur la liaison vers la Turquie. Chaque tentative d’opération est ainsi immédiatement suivie d’une offensive du camp qui n’est pas visé, obligeant à retirer des renforts pour tenir le front ailleurs.
Une autre raison est la mauvaise qualité de l’encadrement. Les chefs militaires se succèdent, mais il semble qu’à Alep la qualité ne soit pas au rendez-vous.
Enfin, ce sont surtout les divisions internes, l’incapacité à s’unir et à appliquer un plan cohérent sur la durée qui expliquent que la rébellion ne parvienne pas en 2015 à reprendre du terrain à Alep.
Les groupes ASL sont minoritaires, mais disposent des livraisons d’armes, à condition qu’ils s’engagent à ne pas combattre aux côtés des jihadistes. Ecartés des livraisons, d’armes, les groupes jihadistes n’hésitent pas à attaquer les groupes rebelles qui viennent de Turquie équipés à neuf, pour saisir les armes dont ils ont besoin.
Enfin, les tractations, déclarations communes, appels à l’unité sont constants, toujours suivis de peu d’effets sur le terrain. Les chefs de groupes rebelles sont plus mobilisés par leurs manœuvres politiques, leurs négociations, leur communication que par les opérations militaires.
Pour sa part, le régime a continué à progresser lentement mais sûrement dans la reconquête d’Alep et de sa région, qui constitue une priorité pour Damas comme pour l’allié iranien.
Alep 2016 : la fin
Le 1er février 2016, le régime lance une nouvelle offensive au nord d’Alep, en direction des poches chiites de Nubl et Zahraa. La progression est rapide car les rebelles sont pris entre deux feux : les milices chiites fortement appuyées par des moyens lourds (aviation, artillerie et tank T-90 livrés récemment par la Russie), et l’EI qui continue d’attaquer sur le front de Mare’a.
Le front s’effondre face aux forces pro-régime dès le 2 février et la progression est rapide avec la prise de Hardatin et Ratyan. Le 3 février, le siège des poches chiites est levé, et la route directe vers la Turquie par le nord est coupée.
Un troisième front s’ouvre le 4 février, lorsque les Kurdes du YPG attaquent à partir de leur position d’Afrin, les rebelles à Azaz, prenant à revers les groupes qui résistent face à l’EI. Cette action, vécue comme une trahison, engendre un effondrement du moral, et les rumeurs circulent d’une évacuation complète de la zone. Mais les groupes locaux rebelles de Mare’a s’accrochent, couvrant Azaz qui tient bon.
L’intervention Kurde engendre l’engagement de la Turquie qui bloque la progression et préserve la petite poche rebelle autour d’Azaz par des bombardements d’artillerie depuis la frontière.
De leur côté les Kurdes capturent la base de Menagh, et surtout occupent toute la zone au nord de celle conquise par le régime, coupant tout contact entre les rebelles d’Azaz et le régime.
Cette offensive foudroyante aboutit à des résultats stratégiques majeurs en quelques jours, mais avec des pertes importantes, y compris parmi les conseillers iraniens, comme par exemple le général Mohsen Qajarian[ix].
La rébellion est coupée en deux : les quartiers à l’est d’Alep qui sont encore reliés par une route, et une petite poche autour d’Azaz accrochée à la frontière turque.
Le sort des quartiers rebelles de l’est d’Alep[x] commence à être compliqué, puisque protégés au nord par les Kurdes, les milices pro-régime se concentrent contre la dernière voie de communication, la « Castello road ». La progression est lente mais constante en juin et juillet, toujours associées à des bombardements permanents des civils. L’intensité de ces raids, qui visent surtout les installations civiles (boulangerie, source d’eau, hôpitaux et dispensaires…) déclenche une première vague de solidarité en faveur d’Alep.
Les opérations marquent alors une pause, les soutiens du régime lançant une offensive en mars contre l’Etat islamique pour reprendre Palmyre en mars, et tenter de pousser vers l’est en juin 2016.
Le régime pousse maintenant vers le sud pour couper la dernière route Castello Road, qu’il tient depuis des mois sous son feu. Les deux cartes ci-dessous montre la progression entre avril et juillet 2016.
La Russie bloque toujours les initiatives internationales, en utilisant son veto à l’ONU.
Le 18 juillet, la route Castello est coupée, marquant le début du siège d’Alep Est. En réaction, les rebelles tentent d’attaquer la poche kurde d’Alep, qui résiste et contre-attaque et avancent eux aussi vers la route Castello.
Le 31 juillet, une nouvelle union de groupes rebelles, Jaish al-Fatah lance une offensive au sud-ouest pour rouvrir un corridor levant le siège d’Alep Est. Préparée avec soin et bénéficiant d’un engagement important des groupes jihadistes dont le Jabhat Fatah al Sham (ex- front al-Nosra), l’opération est un succès en 5 jours.
La levée du siège d’Alep-est engendre le siège d’Alep Ouest. Les forces pro-régime ne peuvent accepter cette situation et réagissent très vite, profitant des forces amassées pour les offensives précédentes.
Lancée le 11 août 2016, la contre-attaque du régime rétablit le siège le 18. Les rebelles engagés dans cette opération ont été affaiblis par le départ vers la Turquie de plusieurs groupes de rebelles de l’ASL. De plus, le corridor ouvert était trop étroit et manquait de profondeur[xi] pour tenir face à une contre-attaque engageant de gros effectifs bien soutenus.
Il s’avère que les rebelles à Alep ont pâti de l’opération Euphrate Shield, lancée à Jarablus le 31 août par la Turquie avec des éléments ASL retirés du front d’Alep ouest. Une nouvelle fois, les contradictions de commandement et de plans, et l’irruption d’un nouvel acteur suivant son propre agenda (cette fois la Turquie) a scellé le sort de la rébellion à Alep.
Sous la pression de la communauté internationale, la Russie s’engage à organiser un cessez-le-feu humanitaire autour de la route Castello le 15 septembre pour permettre le passage de convois de l’ONU pour ravitailler les quartiers rebelles d’Alep Est. Mais ce cessez-le-feu n’est pas réellement appliqué, l’aviation russe et du régime continuant à bombarder Alep, et le 19 septembre, un des convois de l’ONU est la cible d’une attaque aérienne dévastatrice, alors qu’il tentait de s’approcher d’Alep Est.
Les opérations semblent se calmer dans la poche, qui est bombardée par des raids aériens et des tirs d’artillerie, aggravant la situation sanitaire des 250 000 civils pris au piège.
Le 28 octobre, la coalition rebelle Jaysh al Fatah lance une offensive minutieusement préparée en vue d’ouvrir un nouveau passage et de lever le siège d’Alep Est. L’opération débute par une série d’attaques suicides au camion piégé particulièrement efficaces et qui permettent la conquête rapide de plusieurs quartiers à l’ouest.
L’offensive est soutenue par des salves de roquettes sur toutes les bases aériennes et QG des forces pro-régime, et elle se signale par l’emploi de combattants amenés en moto directement au pied des immeubles objectifs des attaques.
L’axe d’attaque choisi prend par surprise les forces pro-régime, mais se trouve être l’un des secteurs les plus forts des défenses d’Alep ouest (autour de l’académie militaire).
L’offensive s’enraye rapidement. Les pertes et l’épuisement liés au combat urbain se cumulant avec les renforts rapidement amenés par les iraniens, qui commandent de fait les opérations à Alep depuis plusieurs années. Les rebelles semblent aussi manquer de réserves d’éléments entraînés et motivés pour continuer les assauts urbains pendant la nuit.
Pendant les deux premiers jours, le soutien aérien des défenseurs pro-régime a été réduit, avec l’absence remarquée de l’aviation russe.
Enfin, il faut aussi noter que les forces rebelles dans la poche n’ont pas attaqué pour essayer de prendre à revers les positions du corridor, ou au moins faire diversion.
L’offensive se termine début novembre par la reconquête par le régime de tous les quartiers perdus. Les pertes rebelles ont été lourdes et surtout l’impact moral sur les assiégés d’une opération présentée comme « la mère de toutes les batailles » va être décisif.
Avant de détailler les derniers combats qui vont voir la poche être submergée progressivement, il n’est pas inutile de rappeler que la zone encore tenue par les rebelles est dominées par les hauteurs autour. Il s’agit d’une cuvette autour de la rivière Quwayq, et qui ne disposait de points d’ancrage géographiques qu’au nord, dans les secteurs justement perdus en premier (secteurs moins urbanisés qu’au centre et au sud).
Dès le 15 novembre 2016, après une campagne de bombardements aériens contre la poche, avec notamment l’emploi de bombes à très forte puissance anti-bunkers, les groupes pro-régime lance leurs assauts par le nord. Des diversions sont effectuées au sud dans les secteur de Sheikh Saeed, Rasidoun…
La progression est lente et ce n’est qu’à partir du 22 novembre que le quartier de Hanano est perdu progressivement. Le 27 novembre, les défenses au nord s’effondrent brutalement et plusieurs quartiers sont rapidement perdus. La poche est en danger d’être coupée en deux.
Au même moment, des affrontements ont lieu entre groupes rebelles au sein de la poche d’Alep. L’enjeu est à la fois les armes détenues par les groupes de l’ASL, et que les groupes jihadistes veulent récupérer, et la sanction d’un commandement qui est resté passif aussi bien lors de l’offensive de dégagement de fin octobre, qu’avec l’effondrement des défenses au nord.
Les rebelles évacuent dans la nuit tout le nord de la poche, et leurs positions à proximité de la citadelle d’Alep, réduisant la surface de près de 40 %, et reconstituant un périmètre cohérent autour de la rivière Quwayq. Un nombre important de civils est abandonnés, et cherchent à fuir d’abord vers l’enclave kurde. Les milices kurdes profitent de la situation pour récupérer le contrôle de plusieurs quartiers, agrandissant leur enclave.
Les exactions des milices pro-régime commencent à être signalées dans les quartiers nouvellement repris : arrestations des hommes à partir de 15 ans, enlèvement de suspects, exécutions sommaires de prisonniers…
La poche rebelle est réduite, et surpeuplée. Elle est soumise à un bombardement permanent et indiscriminé, de l’artillerie et de l’aviation. Le moral est très bas, et les groupes de combattants semblent fortement diminués.
Il n’y aurait que quelques centaines de combattants encore actifs, sous les ordres d’un nouveau chef dans le cadre d’une nouvelle coalition, Jaysh Halab, proclamée comme rétablie le 1er décembre 2016.
Les milices pro-régime souhaitent en terminer rapidement et cherchent à exploiter leurs succès en poursuivant leurs offensives. Si le périmètre de la poche se rétrécie au nord, les rebelles tiennent bon et parviennent même à reprendre lors d’une contre-attaque le secteur de Sheikh Saeed à peine perdu.
La progression est régulière à l’est de la poche au début décembre, les rebelles ne parvenant pas à rétablir leurs fronts.
Le 8 décembre, les milices pro-régime annoncent une pause dans leur offensive, officiellement pour permettre l’évacuation de civils pris au piège des combats, mais sur le terrain les attaques continuent les jours suivants.
La Russie soutient par ses frappes aériennes cette offensive, menée sous commandement iranien, mais aussi en bloquant toute initiative de l’ONU par son veto. Régulièrement, des pourparlers pour une trêve et une évacuation de la poche sont annoncés par la Russie, alors que sur le terrain les combats ne cessent pas réellement. Il s’agit de réduire la pression internationale, de plus en plus importante à mesure que les images de l’écrasement des civils dans la poche se répandent sur les réseaux sociaux.
L’offensive redémarre le 10 décembre, et les rebelles résistent d’abord, revendiquant avoir infligé des pertes aux forces pro-régime. Mais la poursuite de l’offensive sur plusieurs jours amènent un nouvel effondrement des défenses, écrasées sous les bombes.
La poche est réduite de moitié, avec la perte de tous les quartiers à l’ouest de la rivière Quwayq, tandis que Sheikh Saeed est définitivement pris. Le 12 décembre de larges portions de la poche sont tombées aux mains des milices pro-régime.
La poche est réduite à quelques quartiers et le régime proclame la fin de la bataille d’Alep,qui est fêtée à Alep Ouest, alors que les combats continuent et que les rebelles annoncent vouloir résister jusqu’à la mort.
Le 12 décembre, les informations sur les exécutions sommaires, et des meurtres de civils (certains brûlés dans leurs abris de fortune) se multiplient, tandis que l’exiguïté de la poche rend impossible de maintenir le contact avec les témoins et journalistes encore présents.
Le 13 décembre, après 4 années de guerre, Alep peut être considérée comme perdue. Les dernières informations feraient état d’un accord pour un cessez-le-feu et une évacuation, sans plus de précisions, sous supervision de la Russie et de la Turquie.
Conclusion :
La bataille d’Alep est symptomatique du conflit syrien, avec l’échec militaire de la rébellion modérée lié à la fois au manque de soutien extérieur, aux divisions internes mais aussi aux interventions constantes d’acteurs étrangers à la contestation qui, poursuivant leur agenda propre, brouillent les opérations et diluent les efforts.
Au niveau stratégique, la bataille d’Alep est d’abord une victoire de l’Iran, qui assoie sa domination sur la Syrie, et impose son influence sur le nord de la Syrie. Cette zone est stratégique pour Téhéran à plus d’un titre. Au-delà des aspects historiques (Alep est l’un des débouchés de la route de la Soie…) et religieux (à Alep se trouvent des sanctuaires sacrés pour les chiites, dont le Mashad de la Goutte de sang de la tête de Hussayn et le Mashad ad-Dikka, mais aussi le Dharih Muhsen ibn al‑Imam al‑Hussayn), Alep est un jalon essentiel dans la connection géographique entre l’Iran et ses projections en Syrie et au Liban. Dominer Alep permet donc aux Iraniens de pousser leur influence dans une zone leur permettant de contourner la Badya sunnite (désert irako-syrien, vivier de l’EI).
Au-delà des changements politiques à Téhéran, il est notable de constater le caractère durable et important des investissements économiques, culturels et militaires iraniens à Alep.
Il est également intéressant de relever que les pauses dans la bataille d’Alep en 2016, sont intervenues pour permettre de lancer des offensives ailleurs, notamment à Palmyre. Il existe donc un arbitrage entre la Russie, qui privilégie les offensives touchant plus directement l’EI, comme en mars 2016, et l’Iran, qui veut donner la priorité à Alep en février comme à partir de l’été 2016.
Au niveau stratégique, la rébellion à Alep a également souffert des atermoiements de la communauté internationale, et du jeu de la Turquie, qui s’implique dans la guerre civile en Syrie, mais pour poursuivre des objectifs contradictoires. L’offensive vers al-Bab, ville tenue par l’EI, n’est ainsi pas poussée au point de menacer par l’est le siège d’Alep.
Au niveau intérieur, la rébellion a souffert d’une double opposition, qui a complètement dénaturé la contestation du régime de 2011/2012 :
- la volonté d’autonomie des Kurdes, qui poursuivent leurs propres objectifs, alternant les alliances tactiques et locales. A Alep, le YPG a fait très tôt le choix d’une alliance objective avec le régime, permettant à ce dernier de bénéficier d’un soutien et d’économiser ses effectifs à des moments difficiles.
- le développement des groupes jihadistes, et l’avènement de l’Etat islamique, qui ont phagocyté la rébellion, au point de la couper de ses soutiens occidentaux, et de légitimer les offensives des forces pro-régime.
Enfin, d’un point de vue tactique, la bataille d’Alep rappelle que le combat urbain est le lieu privilégié de la manoeuvre moderne, permettant un rééquilibrage entre des camps ne disposant pas des mêmes moyens lourds.
Mais c’est aussi un combat exigeant, nécessitant un volume de forces important, une coordination entre les armes (soutien aérien, artillerie, tanks et fantassins) au plus bas niveau tactique possible, un commandement expérimenté et capable d’initiatives, et des combattants entraînés et motivés. La dureté du combat urbain amène à un épuisement rapide des combattants, et nécessite des réserves pour maintenir l’effort par des relèves régulières difficiles à effectuer en plein combat et avec des groupes non professionnels (et parfois même des milices rebelles non permanentes). On constate que les contraintes du combat urbain n’ont que rarement été maîtrisées par les belligérants, avant que les Iraniens ne prennent les opérations en charge, côté du régime, et ne concentrent des forces suffisantes pour emporter la décision.
La fin proche de la bataille d’Alep va marquer un tournant dans la guerre. Aucun des camps ne peut encore revendiquer la victoire militaire, mais la nature des opérations, la forme des combats vont vraisemblablement évoluer, à mesure des changements dans les soutiens des deux camps et des leçons tirées par les rebelles de leurs échecs répétés dans une ville qu’ils ne devaient pas perdre.
Sources :
Parmi les sources utilisées, signalons l’excellent ouvrage de F. CHamaud & P. Santoni L’ultime champ de bataille – combattre et vaincre en ville aux éditions Pierre de Taillac, 2016,
Tom Cooper, Syrian conflagration – The Civil War 2011-2013,
Charles lister, The Syrian Jihad, Hurst & Company, 2015.
Notes
[i] base du 80ème régiment d’artillerie
[ii] Shateri avait en effet, en tant qu’ingénieur, participé à l’aide iranienne à la reconstruction du Liban en 2006, essentiellement au sud Liban pour le compte du Hezbollah
[iii] Voir sur ce sujet l’annexe au dossier de l’ISW, Iranian Strategy in Syria by Will Fulton, Joseph Holliday & Sam Wyer – May 2013, pp. 33 et s.
[iv] L’application de la Charia dans les zones rebelles est un marronnier de la propagande du régime et de ses soutiens. En réalité, seules quelques villages autour d’Idlib sont réellement sous le contrôle de groupes imposant la Charia. Dans la plupart des zones, l’administration quotidienne est assurée par des Conseils révolutionnaires spontanés, dont les membres sont impitoyablement tués par les milices pro-régime en cas de reconquête, et les litiges entre groupes rebelles ou entre civils et groupes sont tranchés par des tribunaux locaux formés d’arbitres religieux (d’où l’amalgame trop rapide avec la Charia).
[v] Plusieurs chefs jihadistes ont été exécutés par l’EI en 2013. Mais c’est l’arrestation et le meurtre du DR Hussein Suleiman, chef d’Ahrar al Sham en décembre 2013, dont le corps mutilé est restitué par l’EI le 31/12, qui déclenche à Alep et alentours des manifestations de civils contre l’EI.
[vi] l’offensive Canopus Star est officiellement menée par la force Tiger du colonel Suheil al Hassan, mais on constate la présence de groupes Hezbollah, des Brigades palestiniennes Liwa al Quds, etc.
[vii] http://www.miamiherald.com/latest-news/article1974623.html
[viii] même si une partie est constituée de groupes locaux peu mobiles et donc pas déployables sur un autre front.
[ix] http://en.farsnews.com/newstext.aspx?nn=13941115000330
[x] la poche d’Alep Est est commandée officiellement par une nouvelle union Halab Fatah qui en réalité ne parvient pas à imposer son autorité aux éléments des différents groupes pris au piège.
[xi] La résistance de milices irakiennes dans les zones du New Aleppo, zones « projet P 1070 » a bloqué l’élargissement vers le nord de ce corridor.