Le centurion de Tonnel-en-Dunois : Bill Vendange

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Bill Vendange, au faîte de sa gloire

Bill Vendange naquit au sein d’une famille estimée de la paisible bourgade de Tonnel-en-Dunois, dans l’Eure-et-Loir. C’est par une nuit qu’il vit le jour sur la table de la cuisine du domicile familial, comme le fit son père avant lui, conformément à la tradition. Fils unique d’Edmond Vendange, marchand d’articles de chasse et de pêche à Tonnel-en-Dunois, et de Camille Purseigle, femme au foyer, Bill aime à se décrire comme l’un des derniers Français. Son autobiographie Antifas, islamonazis, tafioles : mon triangle du feu (216 pages, avril 2016, aux éditions de Ceux qui en Ont) est riche en enseignements quant à l’influence de ses ancêtres dans l’élaboration du tissu de valeurs qui le structure aujourd’hui. On y apprend aussi que ses parents l’ont appelé Bill en hommage aux travaux de Jean Roba, dont la bande dessinée Boule et Bill leur avait redonné foi en l’être humain et en l’Europe, mettant un terme à une douloureuse période de doute.

Dans sa pudeur admirable, Bill Vendange ne s’appesantit pas sur la belle carrière militaire de son aïeul, Jean-Nicodème Vendange de Ouarville, pendant les guerres révolutionnaires. Son hommage le plus poignant à l’héritage de cet illustre ancien, c’est quand il parle d’une Europe des nations souveraines que Bill Vendange nous le livre avec, on le devine, un sanglot étouffé tandis que la plume glisse, lourde du bagage familial, sur le vélin immaculé. Car c’est bien grâce à l’Oberstleutnant Jean-Nicodème Vendange de Ouarville, victorieux au siège de Valenciennes en 1793 en tant qu’estafette de Frédéric Josias de Saxe-Cobourg-Saalfeld, que la dynastie Vendange apprit à la dure ce principe qui lui reste cher aujourd’hui encore : la surface au sol de la mère patrie dépasse de très loin celle de la nation.

C’est deux mois à peine après le départ de son père Edmond pour Lunel, où il effectuait son service militaire au sein du 173ème Régiment d’Arquebusier Blindés, que sa mère Camille tomba enceinte de Bill. Je t’ai conçu les yeux fermés, en pensant à la France, se plait-elle, encore aujourd’hui, à raconter devant l’âtre à son fils bien-aimé lors des longues soirées d’hiver, où l’ambiance feutrée de Tonnel-en-Dunois se prête depuis toujours au partage en famille des valeurs ancestrales. D’ailleurs, sont-ce les anecdotes colorées du père, contant chaque soir, le verre d’eau de vie de poire à la main, ses souvenirs du 173ème RAB, qui procurèrent à Bill le goût de l’engagement viril au service d’un idéal le dépassant ? Sans doute. Car tout juste avait-il décroché son bac G – avec une mention pas trop mal  dont il n’était pas peu fier – que le jeune homme, au terme d’une soirée mémorable avec quelques amis du FNJ au bar-tabac Chez Constance, poussa la porte du centre de recrutement le plus proche. Quand on lui demanda ce qu’il voulait faire dans l’armée, il répondit sans hésiter : « en tuer ! »

Au terme d’un contrat court rondement mené au sein de l’unité psychiatrique de l’hôpital d’instruction des Armées Laveran à Marseille, c’est tout naturellement que Bill décida de mettre son allant et son amour de l’autre au service de la collectivité. Fort de cette ambition tout de viril altruisme, il intégra la police municipale de Tonnel-en-Dunois en qualité de placier régisseur du marché. Ambitieux, courageux, dur à la tâche, il ne lui fallut pas dix ans pour gravir les échelons et atteindre le rang prestigieux et envié d’agent de surveillance du stationnement payant. C’est à cette fonction que vint le surprendre la création de Facebook, en février 2004. En digne héritier de Jean-Nicodème Vendange de Ouarville, Bill est un fin stratège : « à moi, on me la fait pas », se plait-il à dire. Il perçut donc instinctivement la portée de ce nouvel outil… non, la profondeur de ce nouvel espace où, il en était sûr, son amour des belles valeurs pourrait inonder les foules sans qu’il ait à se soucier des embûches que sèment les éditeurs, « ces chacals qui portent ongles sales et cheveux longs », sous les pas des purs, des authentiques.

En une phrase, il résume l’état de grâce qu’il traversa alors : « j’étais heureux. » Chaque jour, il prenait huit ou neuf heures de son temps libre pour animer sa page Facebook, qu’il avait nommée Décadance programé de ma France chéri (sic). Très vite, il parvint à en faire le carrefour où se rencontraient les foules avides de savoir et les idées des intellectuels de premier plan tels que Renaud Camus ou Robert Faurisson. Il y produisit une biographie remarquée de Jean Mabire en 76 volets, que les plus prestigieuses rubriques littéraires – à commencer par celles de Minute et Rivarol – encensèrent d’une dithyrambe incontestablement méritée. C’était la consécration. Mais hélas ! les charognards de l’anti-France ne dorment jamais…

« Crève, suppôt de Soros », dit Bill Vendange au maire de Tonnel-en-Dunois en apprenant sa mise à pied à titre conservatoire pour avoir défendu la France

Par un matin gris de novembre, la nouvelle tomba, telle un couperet. La demande de promotion de Bill était refusée. C’est « cette petite salope de Josiane » qui héritait du poste d’agent de surveillance des parcs et jardins. Non qu’elle eût couché avec le maire, le premier adjoint ni le directeur général des services. Loin de là, même. Mais un bobo bisounours islamo-nazi à la solde des grands remplaçants, un « suppôt de Soros », comme dit Bill, avait demandé, en pleine séance publique du conseil municipal, s’il était bien convenable qu’un agent de la commune publiât sur Internet un texte appelant à lapider les femmes voilées avec les gravats des mosquées démolies à l’explosif. Avec près de vingt ans de terrain dans les boots, Bill se voyait damer le pion par « une gonzesse, et même pas bonne. » Pis encore, la municipalité le révoqua et la justice le condamna.

Furieux, craignant pour la sécurité de la famille qu’il comptait fonder le jour où une fille bien de Tonnel-en-Dunois s’éprendrait de lui, n’écoutant que son courage, Bill prit la fuite. Aujourd’hui, c’est de Moscou qu’il appelle « (sa) France » à la résistance. Il y a ouvert un compte sur Twitter puis un autre sur Instagram. Il y a également écrit son autobiographie d’une plume amère mais incisive – et bien sûr lourde du bagage familial, ainsi que je vous l’écrivais un peu plus haut. Il compte sur les recettes de son livre pour financer la lutte qu’il entend conduire au nom de l’idée qu’il se fait de la France : « catholique, laïque, virile et filant doux. » Homme de plume – j’ai les noms de ceux qui ne suivent pas ! –, il se consacre à l’écriture de son prochain bestseller : Tu vas voir ta gueule quand je serai rentré en France et que j’aurai purgé mes six mois de trou. Discret quant au contenu de cet opus, tout au plus esquisse-t-il un sourire espiègle quand on lui demande s’il y pourfend Jean-Patrick Beaumont qui, Bill se décrivant comme « cent kilos de barbaque montés sur burnes », lui avait demandé si c’était bien les siennes. Il confirme en revanche avoir envisagé d’intituler l’ouvrage Crève, sale fiché S, mais s’être ravisé, le nombre de pieds que compte la phrase perturbant son sens inné de l’harmonie.

De grâce, Bill, n’abandonnez pas. Plus que jamais, la France elle a besoin de vous.

Jean-Marc LAFON

A propos Jean-Marc Lafon

Cofondateur du think-tank Action Résilience. Fondateur et webmaster de Kurultay.fr. Observateur des mouvements jihadistes, du terrorisme et des conflits au Proche-Orient, au Moyen-Orient et en Afrique. Veille et analyse. Audit et consulting en prévention des tensions politiques, religieuses et de la radicalisation. Spectateur engagé (clin d’œil à Raymond Aron) du cours des planètes en général, et de la nôtre en particulier. Twitter: @JM_Lafon
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4 réponses à Le centurion de Tonnel-en-Dunois : Bill Vendange

  1. Wo dit :

    C’est amusant et joliment formulé.
    Cela me rappelle les portraits fictifs d’un certain site (http://aboudjaffar.blog.lemonde.fr/2018/07/22/coucou/)

    Dommage que sur le fond cela ne consiste qu’à faire passer des peurs légitimes pour des sottises.

    • Oui, c’est aussi un clin d’œil complice à Abou Djaffar.
      Sur le fond, il s’agit surtout de ramener des gens qui se veulent intimidants à leur vocation de bouffons: nous faire rire.

  2. Jojo dit :

    C’est drôle et bien écrit, comme d’habitude.
    Mais c’est un peu hurler avec la meute que tourner en dérision le beauf’ franchouillard, ça fait même un peu bobo citadin sur les bords.
    D’autant que la menace ce n’est pas le franchouillard, mais plutôt les racailles ré-islamisées des cités, comme on vient d’en avoir le triste exemple à Strasbourg.

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